Si l’on interroge le métier de formateur, on s’aperçoit de l’importance de la qualité relationnelle.
Les nouvelles sciences de la formation montrent la place de la contagion émotionnelle ou de l’empathie pour nourrir la transmission ou la co-construction des savoirs.
Qu’est-ce que l’IA vient faire dans l’affaire ?
L’informaticienne Rosaling Picard a été la première à parler de « l’IA émotionnelle », en 1995.
La machine intègre l’émotion.
Les chercheurs ont inventé des machines capables de comprendre les émotions humaines, c’est-à-dire comprendre les indices subtils de la parole, les expressions faciales et d’autres signes ou micro-signes.
L’IA capte les émotions, ce qui lui permet de construire une réaction adaptée. Son déchiffrage des signaux émotionnels permet à la machine d’interagir de façon plus « naturelle ».
Bien évidemment l’IA ne ressent pas l’émotion, elle analyse les signaux et son algorithme permet de construire une réaction approprié aux situations identifiées. Mais c’est comme si…
En matière de formation, l’apprenant ainsi pris en compte, se sent compris, il se sent pris en compte ce qui augmente sa satisfaction et sa motivation.
La relation apprenante en devient plus riche.
Existe-t-il des études qui corroborent de phénomène ?
Le 28 avril 2023, le Journal of the American Medical Association (JAMA) propose un article particulièrement intéressant (référence en fin de chronique). Cette étude interroge les participants d’un forum de médias médicaux et analyse 175 questions tirées par hasard en comparant la réponse des agents conversationnels et celles des professionnels médicaux.
Quelles sont les conclusions ?
Les participants préfèrent à 78,6 % les agents conversationnels aux professionnels de la profession.
Pourquoi ?
L’agent conversationnel propose des réponses de meilleures qualités que l’expert.
Les réponses sont jugées 3,6 fois plus de qualité (bonne et très bonne) lorsqu’elles sont données par l’agent conversationnel comparativement au médecin.
La machine est plus experte que l’expert pour les usagers.
Mais le plus surprenant est qu’outre la précision du contenu, c’est la qualité de la relation. La machine est 9,8 fois plus empathique que les médecins (empathique et très empathique).
L’agent conversationnel est plus relationnel que l’expert.
Il prend plus le temps d’écouter et des réponses qui tiennent plus en compte la situation émotionnelle du patient.
Pour reprendre l’expression du psychiatre français, Serge Tisseron, l’usager a une empathie numérique pour la machine, même s’il sait que c’est une machine.
La relation numérique apprenante s’en trouve enrichie outre par la qualité de la formation, par la qualité relationnelle qui augmente encore d’avantage le processus d’apprentissage.
L’agent conversationnel peut être authentique, empathique, crédible, sympathique… en fonction des besoins de l’apprenant. L’historique de la machine et l’augmentation régulière de ses capacités de contextualisation renforce ce phénomène.
L’effet miroir des émotions renforce la performance des apprentissages, sur un temps de formation donnée. Et encore plus si l’on tient compte du fait que la machine est là 24 heures sur 24.
Si l’on sort de « la Vallée de l’étrange » (Masahiro Mori), on s’aperçoit que ce phénomène ouvre des opportunités apprenantes extraordinaires, qui sortent de l’ordinaire, encore faut-il socialiser cette opportunité.
Le livre a explosé la connaissance et a permis l’émergence de la Renaissance, l’agent conversationnel va exploser les connaissances et les compétences, reste à construire la Renaissance numérique.
Certains en appellent à un trans-humanisme , là où d’autres voies sont possibles.
En période de transition, c’est l’ère du militantisme et l’avenir jugera.
Fait à Paris, le 20 juin 2024
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