L’écosystème de l’IA
20 MOTS DE L’IA FORMATIVE, LE PETIT TEMNA EXPLIQUE
La notion d’écosystème est né de la biologie (Arthur George Tansley, 1935, https://doi.org/10.1177/0309133307083297 ), repris par le management puis par le monde de la technologie.
Il s’agit de comprendre les systèmes complexes et interdépendants de ses composantes.
Traditionnellement, l’écosystème est composé de 3 éléments : les datacenters, le software et les GPU.
1, Les datacenters sont les lieux de stockages physiques des données.
Les principaux acteurs sont Amazon Web Services, Azure de Microsoft et Google Cloud Platform qui concentre à eux trois la moitiés des datacenters dans le monde (https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-aws-microsoft-et-google-accaparent-la-moitie-des-datacenters-cloud-81790.html). Reste les Chinois qui sont d’importants acteurs avec par exemple Alibaba Cloud qui sort de ses frontières nationales.
La France s’est doté d’un programme de lancer 35 sites « prêts à l’emploi » profitant de la capacité d’énergie décarbonnée pour faire des datacenters propres, dont certains d’une puissance de 1 GigaWatt garantie par RTE, des Giga projets, dès 2028.
2, Le software, les logiciels de traitement des datas.
Si la France n’est pas en bonne position dans les datacenters, en revanche dans le software avec des acteurs comme Mistral AI, Kuytai, Miracle AI a une carte à jouer.
La France de par sa centralisation a un atout dans la qualité de ses datas.
Le Système National des Données de Santé (SNDS) a une qualité de data supérieure au modèle américain décentralisées et émiettées. La CNIL a autorisé l’hébergement des données chez Microsoft.
3, Les GPU (Graphics Processing Unit) sont les microprocesseurs pour assurer le traitement des LLM.
Aujourd’hui, NVIDIA, société américaine, domine le marché avec 88 % à 90 % des parts de marché des puces haut de gamme, notamment grâce à sa puce Blackwell, « la puce la plus puissante du monde » selon Jensen Huang, CEO de Nvidia (2024).
Outre la fabrication des puces, la puissance de NVIDIA provient de sa plateforme de logiciels CUDA avec 4 millions de développeurs dans le monde pour créer des applications.
NVIDIA est en situation de monopole technologique.
Et dans une situation de pénurie, la demande est tellement forte qu’il n’arrive pas à fournir, au final, c’est lui qui choisit ses clients. Selon les experts, cette situation devrait perdurer en 2025.
Intel, Google, Arm, Qualcomm et Samsung ont fait alliance, en 2024, en créant la Fondation UXL pour développer une plateforme alternative à CUDA, permettrait peut-être de sortie de ce goulot d’étranglement.
La France n’a que peut à dire dans cette part de l’écosystème.
4, Les usages de l’IA
A l’ensemble des composantes de l’écosystème traditionnel de l’IA, on pourrait rajouter une quatrième composante : les usages des entreprises et des particuliers de l’IA, hors de la filière de production. Ce qui peut générer un véritable avantage concurrentiel.
La clé du succès réside dans l’adoption précoce par les early adopters dans un premier temps et par l’ensemble des usagers dans un second temps. Les politiques de transformation continue permettent de creuser l’écart avec les concurrents en générant des gains de productivité dans l’ensemble des activités.
Une culture opératoire de l’IA.
La France est passée de la 13ième à la 5ième place dans le Glogal IA Index entre 2023 et 2024 et selon le Global AI Vibrancy Ranking de l’Université de Stanford en matière de recherche, de formation et d’infrastructure IA, elle occupe la 3ième place du classement sur 36 pays (https://www.info.gouv.fr/upload/media/content/0001/13/ea73585b1ba9abc54279a60ce439100bb85b700b.pdf)
Le sommet pour l’Action sur l’IA, le 10 et 11 février 2025, à Paris, a permis d’afficher un volontarisme politique en matière d’IA.
On peut noter que la clause d’extraterritorialité permet aux Etats Unis de faire appliquer leur droit hors de leurs frontières et cela à des conséquences en IA et sur toutes les entreprises qui utilisent une technologie américaine.
Par exemple, les agences de renseignement américaines peuvent avoir accès aux données stockées sur les fournisseurs clouds américains même pour des entreprises non américaines. Cela interroge sur la capacité de l’émergence d’une innovation non-américaine.
Autre exemple, tout le monde utilise NVIDIA donc tous les déploiements sont sous la législation américaine et susceptible d’interdiction, et comme les alternatives sont modeste, cela réinterroge la notion d’indépendance.
En 2018, l’ancien PDG de Google avait annoncé la division du monde numérique en 2 blocs à l’horizon 2028-2030, la Chine et les Etats-Unis.
Face à la bipolarisation, comme en 1955, il pourrait être nécessaire de faire émerger un tiers-monde numérique qui fasse le lien entre les deux mondes qui se dessinent.
Fait à Paris, le 12 mars 2025
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