Le responsable de formation existe dans sa forme actuelle depuis la loi du 16 juillet 1971, loi Delors, plus de 50 ans à porter le nom de « responsable de formation ».

Les années 70 ont fait émerger la notion de compétences (David McClelland, 1972), l’appellation responsable de formation a été concurrencée par responsable des compétences avec le début du 21ième siècle. Au moment où McKinsey faisait un rapport (1997) qui introduisait la notion de responsable des talents.

Les appellations bougent et c’est sans parler des appellations anglo-saxonnes, mondialisation oblige, qui font leur entrée avec Training manager, Learning and Development manager (L&D) ou Learning and Transformation manager (L&T).

Les mots bougent dans un monde qui bouge. Quoi de plus normal, non ?

Albert Camus l’avait dit, « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ».

Le « Learning » a son quart d’heure de gloire, car en plus de la mondialisation, il fait référence à l’apprenant plus que le contenu. Une façon d’afficher le fait de vouloir remettre l’apprenant au centre de la formation.

L’expert laisse la place à l’apprenant pour regarder la formation.

Citation pour citation, on pourrait retenir la formule de Luciano Visconti dans le Guépard, « il faut que tout change pour que rien ne change ». Le responsable de formation doit changer son nom pour montrer qu’on change d’époque.

Mais il est une autre façon de lire cette citation.

Le bougisme des appellations est une façon de changer la forme pour qu’au fond tout reste pareil, la novlang d’Orwell, l’illusion du changement.

Formation est un joli mot, qui repose sur la forme, la forme sociale attendue.

Former, c’est mettre en forme sur ce que la société a choisi… que ce soit des compétences, des talents ou toutes autres formes sociales.

Garder l’appellation du marqueur social est un plus dans la transformation du métier : ne rien changer du mot, pour rassurer sur l’identité, ce qui rend identique, rassurer le titulaire de la fonction, pour tout changer de l’activité du métier.

Rassurer avec le métier pour aborder la transformation des activités.

C’est un des piliers de la transformation heureuse.

Le responsable de formation a une histoire qui donne une légitimité sociale, une reconnaissance pour l’ensemble des acteurs, une force pour le mouvement.

Le changement doit s’inscrire dans le temps pour capitaliser cette reconnaissance métier.

Le changement n’est pas le bougisme.

Le changement s’inscrit dans une culture d’entreprise, une communauté de destin que l’on choisit pour la politique de transformation de l’ensemble des savoirs de l’entreprise.

Les mots ont la vérité sociale qu’on veut bien leur donner.

A chacun de trouver les siens.

Fait à Paris, le 25 avril 2024

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