SOCRATE, le premier coach

8, PLATON, Théétète (370 avant JC) 

Dans Ménon, PLATON présente sa théorie de la réminiscence. 

L’âme est immortelle et elle détient toutes les connaissances du monde, à la différence du corps. Notre âme possède toutes les Idées, connaître, c’est se souvenir, se remémorer. 

Cette théorie non dominante, aujourd’hui, trouve toutefois un bel écho dans La recherche du temps perdu, Marcel PROUST (1913) ou la Reprise de Soren KIERKEGAARD (1843). 

Et qu’on pourrait synthétiser par la citation de Jean-Baptiste MASSILLION dans Le petit carême (1718) : “C’est qu’il leur en coût si peu de se concilier les cœurs : il ne faut pas cela ni effort, ni étude. Une seule parole, un sourire gracieux, un seul regard suffit”  

La connaissance du monde, l’écoute du cœur. 

Tout est là, en chacun d’entre nous. 

Et donc, le formateur n’a rien à transmettre, puisque tout est déjà là.   

“Nous sommes un mystère à nous-même” disait Jean-Baptiste MASSILLION 

Il reste à faire accoucher l’esprit, la maïeutique. 

“Mon art d’accoucher à toutes les propriétés de celui des sage-femmes… Ceux qui me fréquentent donnent pour commencer l’impression d’être ignorants ; de moi, ils n’ont jamais rien appris, mais c’est de leur propre fonds qu’ils ont fait nombre de belles découvertes, par eux-mêmes enfantées.” 

Le formateur est un jardinier qui fait pousser ce qui est de la nature des hommes. 

Son art de l’accouchement passe par le questionnement. 

SOCRATE serait le premier coach qui grâce à ces protocoles de questions fait émerger la connaissance. 

Pour SOCRATE, questionner, c’est enseigner. 

Il pratique l’ironie, une façon de feindre l’ignorance pour exposer la position de l’autre et lui en faire prendre conscience. 

Pour ARISTOTE, l’ironie socratique n’est en rien de l’arrogance.  

C’est un enseignement bienveillant. 

La finalité des “Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les Dieux”, pour connaître le monde invisible, il faut commencer par son propre monde invisible. 

Nicolas GRIMALDI considérait que Socrate était un sorcier, un chaman (Socrate, le sorcier, 2004) 

“Ce qui fait de Socrate un sorcier, c’est d’abord qu’il est un guérisseur” et qu’il peut “s’affranchir de son existence corporelle”. 

Nicolas GRIMALDI rapproche la maïeutique socratique de la “cure chamanique” telle que décrite par Claude LEVI-STRAUSS dans l’Anthropologie structurale (1958). 

Aujourd’hui, la sécularisation de la pédagogie socratique coupe son histoire de ses racines et pose ce que le sociologue Max WEBER appellera, en 1917, “le désenchantement du monde” de la formation.