5, HESIODE, Théogonie (VIIIème siècle avant JC)

Hésiode est un troubadour grec. Il raconte l’histoire de la mythologie, même s’il n’est pas le seul, il reste l’ouvrage de référence. 

Il existe bien des mythes pour la formation Icare ou Narcisse, et la doxa retient particulièrement celui de Prométhée. 

Prométhée est connu pour avoir été châtié par Zeus à être attaché sur un rocher et qu’un aigle tous les jours viennent lui dévorer son foie, qui repoussait durant la nuit suivante. Qu’avait-il fait pour mériter un tel sort ? 

Zeus avait confié à Prométhée et Épiméthée la tache de créer les êtres vivants, autrement dit de donner des qualités à chaque espèce. C’est Epiméthée, étymologiquement, “celui qui réfléchit après coup”, qui demande à Prométhée de s’occuper seul. Et Prométhée oublia l’homme qui se retrouve sans qualité.  

Prométhée, étymologiquement, “celui qui voit en avance”, le prévoyant, le prudent comprend que l’avenir de l’homme sans qualité ne pouvait avoir lieu, il s’introduisit dans l’Olympe pour dérober le feu des Dieux et l’offrir aux hommes. 

Prométhée est celui qui prend pour donner, il transmet. 

Le feu a bien des vertus dans la vie des hommes, dont celle de servir de base à la forge, celle qui permet de construire l’outil.  

En transmettant le feu aux hommes, Prométhée leur transmet le moyen de survivre et de dominer le monde pour le meilleur et pour le pire. Dans la cosmologie de l’époque, une telle responsabilité entre la protection et la destruction, nécessite la justice et l’équilibre.  

C’est à l’homme de faire justice. 

Mais dans son méfait, Prométhée avait aussi volé à Athéna les arts et la connaissance. Les ars signifient la technique et non les beaux-arts, l’esthétique. 

La connaissance permet à l’homme de devenir “maître et possesseur de la nature” pour reprendre l’aphorisme de PLATON. 

L’espèce humaine à la responsabilité de l’ordre du monde. 

Le mythe de Prométhée est souvent présenté comme une critique de l’excès, de l’hubris des hommes. 

“Science sans conscience n’est que ruine de l’âme” disait Rabelais. 

L’être humain est doté de logos, raison, sagesse, mais aussi discours, fait que le verbe incarne un lien entre les Dieux et les hommes. 

C’est la place du sacré. 

La connaissance doit être sacralisée pour avoir un sens qui dépasse sa seule raison d’être. 

Faute de sacré, Michel Gauchet avait cette belle formule, on laisse “l’homme vivre à nu”. 

Et cela construit des “hommes sans qualités”, Robert Musil (1943) 

@StephaneDiebold